Jouir de Sarah Barmak

Tout, tout, tout vous saurez tout sur le clito. Le  vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou qui a un grand cou… J’en rigole mais c’est pour ne pas en pleurer car s’avaler 200 pages sur l’orgasme féminin c’est à vous dégoûter d’en avoir un !

Jouir de Sarah Barmak, éditions Zones

Jouir de Sarah Barmak, éditions Zones

Franchement ?! Franchement ! Deux cents pages pour retracer l’histoire – ou plutôt la non histoire – de l’orgasme féminin, est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ? Certaines oui, peut-être, parce qu’elles se posent des questions sur le fonctionnement de leur corps et leur capacité à atteindre l’orgasme. Ça s’entend, ça se comprend et ça se respecte comme n’importe quel ouvrage qui traiterait de n’importe quelle problématique d’ordre médical ou psychologique ou que sais-je encore. Mais quand on n’a pas de questions particulières sur le sujet, eh bien 200 pages sur le clito, l’éjaculation féminine, le point G, les théories fumeuses de Freud sur le sujet, et toutes les croyances que l’humanité a développé autour de l’entrejambe des femmes, c’est d’un ennui mortel.

Que veulent les femmes ? Ça, personne ne le sait, pas même les femmes elles-mêmes ! Peut-être faut-il en fait aborder la sexualité féminine comme un domaine qui s’apprend, se cultive, et dans lequel on s’améliore grâce à nos connaissances – comme la cuisine ou le jardinage.

Pire, et là je sens que je vais m’attirer les foudres des plus féministes : je n’ai pas envie, parce que je suis une femme, qu’on m’expose pendant des pages et des pages les moindres problèmes féminins. C’est comme quand j’étais gamine et que j’étais passionnée de chevaux. A chaque Noël ou anniversaire, ça ne loupait pas : oh un tableau moche avec des chevaux ! Oh un bracelet hideux avec un fer à cheval ! Oh trop bien, une statue abominable de tête de cheval ! Oh un énième roman sur l’étalon noir ! (ah non, ça c’est l’exception qui confirme la règle…) J’avais envie de crier à la face du monde que j’avais d’autres centres de préoccupation que le cheval et que non je ne rêvais pas de collectionner tous les objets les plus inutiles sur l’univers équin. J’étais plus que cela, je valais plus que cela ! Eh bien là c’est tout à fait pareil : ok je suis une femme mais je n’ai pas envie qu’on me ramène systématiquement à ma condition de femme, mes problèmes de femme, mes difficultés de femme, etc. Si j’ai un problème d’ordre féminin, j’en parle avec mon gynéco ou avec mes amies ! Mais je n’en fais pas tout un plat !

Parlez-moi de psychologie, de faits de société, de relations humaines, de ce qui peut nous aider à mieux vivre tous ensemble mais arrêtez de surfer sur la vague des femmes, ces grandes oubliées de l’humanité dont on ne s’est jamais occupé avant et qui méritent désormais un livre pour chaque problème aussi intime qu’infime. Il y a un effet de mode qui commence sérieusement à me fatiguer car au lieu de nous placer à égalité avec les hommes, j’ai l’impression que l’on passe notre temps à nous mettre sous cloche, nous isoler encore plus et nous transformer en bêtes curieuses. D’un côté on nous bassine avec les jouets des enfants qui ne doivent plus répondre à un genre et de l’autre on nous pond des bouquins en veux-tu en voilà spécifiquement pour nous les femmes. On peut être femme sans que ça soit un problème ou tout du moins un fait notoire, mince alors !

Maintenant que ça c’est dit, je dois tout de même reconnaître que condensé en un article de plusieurs pages, ça aurait pu être passionnant car la plume de l’auteure est savoureuse. J’adore son style, la connivence qu’elle parvient à créer avec son lecteur, ses petites tranches de vie disséminées ça et là. Mais 200 pages sur ça, non ! Pas pour moi en tout cas. Mais encore une fois si c’est un sujet qui vous titille, alors ce livre est fait pour vous : allez-y gaiement, il fera sauter tous les verrous psychologiques, il saura vous mettre à l’aise pour explorer jusqu’au plus tabou. Et vous sortirez de là heureuse, libérée et prête à jouir à tout va.

Je suis donc très partagée pour évaluer ce livre qui, de mon point de vue, n’est pas indispensable du tout mais qui, pour d’autres, peut devenir un essentiel.

Jouir est le document sélectionné par le jury de janvier du Grand prix des lectrices Elle 2020.


L’ESSENTIEL

Couverture de Jouir de Sarah Barmak

Couverture de Jouir de Sarah Barmak

Jouir, en quête de l’orgasme féminin
Sarah BARMAK
Editions Sabine Wespieser
Sorti le 03/10/2019 en GF
208 pages

Genre : document
Plaisir de lecture : ❤❤
Recommandation : oui pour celles qui en ont besoin

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Libérée, la sexualité des femmes d’aujourd’hui ? On serait tenté de croire que oui. Pourtant, plus de 50 % d’entre elles se disent insatisfaites, que ce soit à cause d’un manque de désir ou de difficultés à atteindre l’orgasme. Si tant de femmes ordinaires sont concernées, peut-être qu’elles n’ont rien d’anormal et que ce n’est pas à la pharmacie qu’il faut aller chercher la solution. Le remède dont elles ont besoin est plus certainement culturel, et passe par une réorientation de notre approche androcentrée du sexe et du plaisir.

Tour à tour reportage, essai et recueil de réflexions à la première personne, cet ouvrage enquête sur les dernières découvertes scientifiques ayant trait à l’orgasme féminin. On y apprend ainsi qu’une chercheuse en psychologie clinique a recours à la méditation de pleine conscience pour traiter les troubles à caractère sexuel. On y découvre aussi diverses façons dont les femmes choisissent de redéfinir leur sexualité. Cette aventure aux confins de la jouissance nous emmène jusqu’au festival Burning Man, où l’orgasme féminin est donné à voir sur scène, ou encore dans le cabinet feutré d’une thérapeute qui propose de soigner les traumatismes liés au viol à l’aide de massages sensuels.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Jouir

  1. Si l’orgasme féminin reste un mystère pour vous
  2. Si vous vous sentez frustrée dans vos relations intimes
  3. Si les thèmes ultra féminins vous intéressent

3 raisons de ne pas lire Jouir

  1. Si le sujet de la jouissance féminine ne vous passionne pas à la base
  2. Si vous n’êtes pas une féministe dans l’âme
  3. Si les essais ne sont pas votre tasse de thé
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