Les gratitudes de Delphine de Vigan

Deuxième opus de ce qui s’annonce déjà comme une trilogie, Les gratitudes nous embarque dans les couloirs d’un Ephad où le fatalisme de la vieillesse côtoie l’ambition de la jeunesse.

Les gratitudes de Delphine de Vigan (éditions audio Audiolib)

Les gratitudes de Delphine de Vigan (éditions audio Audiolib)

Michka voit la parole s’envoler au fur et à mesure que les mots s’emmêlent et que les phrases prennent un sens insolite. Un comble pour cette ancienne correctrice de presse qui a toujours attaché une importance cruciale au bon emploi du vocabulaire et de la syntaxe, de la grammaire et de l’orthographe. Face à elle, Jérôme son orthophoniste n’aura de cesse de faire reculer l’inéluctable, se battant pour retenir chacun de ses mots, chacune de ses syllabes, pour que les sons et les sens ne s’envolent pas trop vite. Entre ces deux-là, une relation particulière va naître, teintée de respect et de partage. De gratitude.

Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui resurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un parfum. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui. Les confidences. Et la peur de mourir. Cela fait partie de mon métier.

Belle et douce, l’histoire de Delphine de Vigan manque cruellement de réalisme à l’heure où les Ephad ressemblent plus à des mouroirs qu’à des lieux d’espoir et d’échanges. L’auteure a voulu nous montrer un horizon moins sombre mais à trop forcer le trait ça perd toute intensité. Une histoire comme celle-là peut faire du bien à certains lecteurs, les apaiser, je le conçois. Pour moi, ça manque de conviction et de reliefs, d’aspérités et de complexité. La vieillesse et sa déchéance auraient mérité un traitement moins superficiel.

Pour tout dire, je trouve ce roman très convenu et facile et je sais que comme pour Les loyautés, il ne m’en restera rien d’ici quelques mois. Pour être tout à fait honnête, Delphine de Vigan commence à me décevoir. Le rythme de publication d’un roman par an finit par se ressentir : c’est vite expédié, peu creusé, voire un peu bâclé. Et à la différence d’Amélie Nothomb, ça manque en plus d’originalité. Je ne suis pas sûre que l’auteure des Heures souterraines parviendra encore longtemps à me compter parmi ses fidèles…


L’ESSENTIEL

Couverture des gratitudes de Delphine de Vigan

Couverture des gratitudes de Delphine de Vigan

Les gratitudes
Delphine de VIGAN
Editions JC Lattès
Sorti en GF le 06/03/2019
192 pages (3h14 d’écoute)

Genre : roman sociétal
Plaisir de lecture : ❤❤❤
Personnages principaux : Michka, Marie qui veille sur elle et Jérôme son orthophoniste
Recommandation : non
Lectures complémentaires : Les loyautés et  Les heures souterraines de la même auteure

 

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

« Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous aviez réellement dit merci ? Un vrai merci. L’expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette. À qui ? On croit toujours qu’on a le temps de dire les choses, et puis soudain c’est trop tard. » Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent  : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé  de la suivre.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Les gratitudes

  1. Si les vrais gens avec leurs failles vous intéressent
  2. Si la plume de Vigan vous transporte
  3. Si vous avez lu Les loyautés et souhaitez poursuivre la série

3 raisons de ne pas lire Les gratitudes

  1. Si vous cherchez un roman avec des aspérités et de la consistance
  2. Si les romans aussi courts ne parviennent pas à vous transporter
  3. Si l’univers de Vigan ne vous attire pas
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