Khalil de Yasmina Khadra
Khalil est un roman qui a dû être incroyablement difficile à écrire. Autant qu’il est incroyablement difficile à lire.
Lire des romans qui vous mettent dans la tête d’un tueur en série ne m’a jamais dérangé. La folie ordinaire ne m’a jamais inquiétée et ces personnages m’ont toujours intriguée par leur singularité. Une fois mort, il n’en reste rien de ces monstres, leur folie disparaît avec eux.
Mais un kamikaze, voilà qui me terrifie. Un kamikaze, ça n’est pas un fou au sens psychiatrique ou pas seulement. C’est quelqu’un comme vous et moi qui, a un moment, a eu une faille dans sa vie que d’autres ont su exploiter pour en faire son précipice.
C’est quelqu’un qui finit par vomir tout ce qui rend la vie belle, quelqu’un qui n’a plus aucun repère moral, plus aucun amour pour ses semblables et qui, pire que tout, pense sauver l’humanité en courant à sa perte. Cette folie-là n’est pas innée, elle ne peut pas se traiter à coup de cachetons et d’enfermement. Elle est organisée, travaillée avec patience, régie par des règles totalement absurdes, dirigée par des fanatiques interchangeables et plus que tout, elle est capable de transformer des milliers d’hommes et de femmes en robots totalement déshumanisés et en chair à canon que rien ne peut arrêter.
Les terroristes et les racistes sont des frères siamois . Si les premiers sont entrés en action, les seconds n’attendent que l’heure pour passer à l’acte.
C’est cette machine infernale, cet engrenage et cet endoctrinement que Yasmina Khadra nous décrit à travers les yeux de Khalil. Ce jeune fou de Dieu aurait dû sauter le soir du 13 novembre 2015 au Stade de France si sa ceinture d’explosif ne lui avait pas joué un mauvais tour. Mais cet acte manqué ne va nullement l’amener à reconsidérer la situation. Au contraire, il n’aura de cesse de jouer au parfait petit terroriste contre l’avis de tous ceux qui l’ont connu plus jeune, quand il n’était encore qu’un petit garçon comme les autres.
Le devoir, Khalil, est de vivre et laisser vivre. Il n’y a pas plus précieux et nul n’a le droit d’y toucher.
Ce livre, bien que sombre, est aussi un formidable plaidoyer contre l’amalgame, la haine de l’autre sans discernement qui se propage si facilement quand la peur prend le dessus. C’est assurément un livre que je vais m’évertuer à m’être entre toutes les mains de mon entourage car on ne peut pas passer à côté d’une plume aussi sublime et d’un propos aussi crucial.
L’ESSENTIEL
Khalil
Yasmina KHADRA
Editions Julliard et Lizzie pour l’audio
Sorti en GF le 16 août 2018 et le 04/10/2018 en audio
264 pages (5h43 d’écoute)
Genre : roman psychologique
Personnages : Khalil un terroriste, sa famille et les autres membres de l’organisation terroriste
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : La nuit du bûcher de Sandor Marai et Sur ordre de Dieu de Jan Krakauer
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Vendredi 13 novembre 2015. L’air est encore doux pour un soir d’automne. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d’explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l’acte. Il fait partie du commando qui s’apprête à ensanglanter la capitale. Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ? Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d’un réalisme et d’une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l’esprit d’un kamikaze qu’il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l’insoutenable brutalité de la folie.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Khalil
- Si vous aimez Yasmina Khadra ou désirez découvrir ce grand écrivain
- Si vous voulez comprendre (ou tout du moins essayer) ce qui passe par la tête des terroristes
- Si vous voulez dépasser les préjugés et les amalgames
3 raisons de ne pas lire Khalil
- Si pour vous il est impossible de trouver un peu de lumière parmi ces fanatiques
- Si vous ne voulez pas chercher à comprendre l’inexcusable
- Si sur un thème aussi grave vous préférez les essais à la fiction
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