La part des flammes de Gaëlle Nohant

La part des flammes fait partie des romans que j’ai croisés des dizaines de fois sur les tables des libraires sans jamais m’y intéresser. J’ignorais de quoi il parlait, et j’ignore encore aujourd’hui pourquoi sa vue me plongeait dans une totale indifférence mais je dois remercier toute la polémique qui a accompagné le lancement de la série Le bazar de la charité et surtout la prise de position passionnée de Gérard Collard en faveur de ce livre. Cela a fait suffisamment de bruit pour piquer ma curiosité et j’ai découvert alors un fait divers passionnant qui a enflammé – c’est le cas de le dire – le tout Paris de la fin du XIXe siècle.

La part des flammes de Gaëlle Nohant (éditions Le livre de poche)

La part des flammes de Gaëlle Nohant (éditions Le livre de poche)

Le roman de Gaëlle Nohant est un formidable travail à la fois de restitution historique et d’œuvre de fiction. En s’appuyant sur des faits avérés et des personnages ayant réellement existés, elle raconte l’histoire telle qu’elle semble s’être déroulée selon les archives tout en y mêlant son imagination et en y ajoutant des personnages de fiction. Cette réalité romancée est d’autant plus plausible que l’auteure a tenu à respecter le vocable soutenu de l’époque. Comme dans les romans historiques de Ken Follett, je m’y suis vue, j’ai vécu intensément cette histoire et j’ai eu énormément de mal à m’en extraire. J’entends encore raisonner les sabots des chevaux sur le pavé parisien, c’est vous dire…

Pourtant l’histoire en elle-même est effroyable et je m’étonne désormais qu’elle n’ait pas laissé une empreinte aussi forte que le naufrage du Titanic dans la mémoire collective. Ces histoires ont pourtant tellement en commun à commencer par le fait qu’elles aient touché ceux qui d’ordinaire étaient protégés des vicissitudes de l’existence. Le roman de Gaëlle Nohant, suit la destinée de quatre femmes du monde : la marquise de Fontenilles, la comtesse de Raezal, la jeune Constance d’Estingel et la duchesse d’Alençon. Quand le lecteur fait leur connaissance, ces dames sont en pleins préparatifs de la grande vente de charité qui réunit chaque année tout le gotha parisien. C’est l’endroit où il faut être et où il faut être vu, surtout. Toutes les nobles dames de la capitale y sont agglutinées, ces messieurs préférant vaquer à d’autres occupations. La règle du jeu est simple : il faut se trouver le plus près possible des femmes les plus influentes pour montrer son rang. A ce petit jeu, les places de dames patronnesses au comptoir tenu par la duchesse d’Alençon sont les plus prisées.

Pour les hommes, le risque infectieux venait de la luxure. Pour les femmes, de ce christianisme qui ordonnait d’aimer les pauvres. Plus la peur des pauvres asphyxiait le haut de la société, creusant l’abîme entre les hôtels particuliers et les taudis, et plus l’injonction de charité se faisait impérieuse, tyrannique.

Cette nouvelle édition est une réussite, avec son point d’orgue : une projection cinématographique pour les plus chanceux venus admirer cette prouesse technologique. L’ambiance est frivole, le cœur est à la fête : œuvrer pour les pauvres permet de se donner bonne conscience à moindre frais. Mais d’un coup un murmure s’élève dans la salle : un départ de feu est à déplorer du côté du cinématographe. Personne ne prend réellement la mesure du risque encouru que déjà les flammes se propagent aux tentures et aux boiseries. L’incendie ne peut plus être contenu, il faut évacuer. Des femmes essentiellement. Des femmes et des jeunes filles. Des duchesses, des comtesses et leurs bonnes. Des femmes avec et sans particule, qui, pour plus d’une centaine d’entre elles, vont se trouver réunies dans la mort. Calcinées à défaut d’avoir pu être évacuées.

Vous vous demandez certainement si nos quatre héroïnes ont survécu à cet enfer. Et vous croyez franchement que je vais vous répondre ? Lisez La part des flammes, c’est un ordre !


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L’ESSENTIEL

Couverture de La part des flammes de Gaëlle Nohant

Couverture de La part des flammes de Gaëlle Nohant

La part des flammes
Gaëlle NOHANT
Editions Le livre de poche
Sorti le 09/03/20196
552 pages

 

Genre : roman historique
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Personnages : la marquise de Fontenilles, la comtesse de Raezal, la jeune Constance d’Estingel et la duchesse d’Alençon, Laszlo de Nérac
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : L’héritage Davenall de Robert Goddard , Né d’aucune femme de Franck Bouysse, Une femme simple et honnête de Robert Goolrick, La femme révélée de la même auteure, Le bal des folles de Victoria Mas

 

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale  ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité.

Une langue d’une beauté parfaite, veloutée et élégante, des destins peu communs et l’exploration passionnante d’un monde oublié. Une fresque flamboyante.  Bernard Babkine, Marie France.

Prix du Livre France Bleu / Page des Libraires 2015.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire La part des flammes

  1. Pour vous glisser dans le Paris mondain du XIXe siècle
  2. Pour (re)découvrir ce fait divers dans une ampleur extraordinaire
  3. Pour la beauté de la langue et du style de Gaëlle Nohant

3 raisons de ne pas lire La part des flammes

  1. Parce que tout le tapage autour de la série a douché votre envie d’en savoir plus
  2. Parce que les romans historiques ne sont pas votre genre de prédilection
  3. Parce que le devenir d’aristocrates vous laisse de marbre
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