Ordesa de Manuel Vilas
Vous aimez les chroniques méchantes ? Vous allez être servis ! Je viens de sacrer Ordesa, livre de l’année dans la catégorie lectrice en colère. Il y en a toujours un ou deux chaque année pour me faire sortir de mes gonds, cette fois, pas de chance, ça tombe sur un livre de la sélection de novembre du Grand prix des lectrices Elle, catégorie Document.
Débuté sans aucun a priori négatif, bien au contraire, il ne m’a fallu qu’une vingtaine de pages pour déchanter complètement. J’ai eu l’impression de lire du Jaenada à la sauce Angot : c’est déprimant, mégalo, décousu car digressif avec un souci du détail qui tourne à l’absurde. Jugez plutôt :
« Je ne sais même pas en quelle année est morte ma grand-mère. Peut-être en 1992 ou en 1993, en 1999 ou en 2001, ou alors en 1996 ou en 2000, dans ces eaux-là. »
Ai-je le droit de lui dire que très sincèrement on s’en fout ?
Et quand ce ne sont pas des considérations de dates ou de vocable (ma grand-mère est-elle plutôt la mère de mon père ou ma grand-mère ? Vous avez 2 heures !) qui me font bouillir, c’est l’usage de la troisième personne du singulier par l’auteur pour parler de lui-même qui me fait définitivement péter une durite.
Que mon père ne soit pas allé à l’enterrement de sa mère, donc de ma grand-mère, a influencé notre décision de le brûler. Qu’y a-t-il de plus pertinent ? Signaler mon degré de parenté et dire « ma grand-mère », ou mettre en valeur celui de mon père et dire « sa mère » ? J’hésite quant au point de vue à adopter. Ma grand-mère ou sa mère, tout est déterminé par ce choix.
Je ne vais pas vous résumer le sujet de ce livre car très sincèrement je n’en ai pas la moindre idée, je me suis tellement énervée sur le style ampoulé, prétentieux, pseudo intello, enfin tout ce que je déteste en littérature, que tout le reste m’a échappé. J’ai eu l’impression de lire du vide complété de vide écrit par un auteur sous anxiolytiques à la recherche d’un public pour effectuer sa psychanalyse à moindres frais. Et par moments je peux vous garantir que j’en aurais bien pris moi aussi des petites pilules pour faire redescendre ma tension car là, elle a atteint des sommets ! Je n’ai même pas réussi à aller au bout de ce livre, j’en étais tout bonnement incapable, sous peine de me le traîner pendant des lustres et de sombrer dans une panne de lecture à la sortie, ce que je ne peux absolument pas me permettre en ce moment.
Evidemment, cet avis brut de décoffrage va complètement à l’encontre de l’avis général puisque Ordesa est salué par la critique (la vraie, celle qui sait apprécier la littérature, la vraie) et fait partie entre autres de la sélection du Prix Médicis Etranger. Mais ça n’est pas une nouveauté que de reconnaître que je n’ai pas bon goût en matière de livres « époustouflants ».
L’ESSENTIEL
Ordesa
Manuel VILAS
Editions du Sous-Sol
Sorti le 14/08/2019 en GF
400 pages
Genre : document
Personnages : l’auteur et ses parents
Plaisir de lecture : aucun
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : les oeuvres de Jaenada (La petite femelle, La serpe…), La purge d’Arthur Nesnidal
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
« Mon coeur ressemble à un arbre noir couvert d’oiseaux jaunes qui piaillent et me perforent la chair.’ Tel est l’autoportrait brut et sans tabou d’un écrivain confronté à la disparition de ses parents. Assailli par les fantômes de son passé, il retrouve espoir dans le souvenir baigné de lumière jaune de leur amour et de la beauté d’antan. À travers l’évocation d’une famille modeste, c’est alors la peinture d’une certaine Espagne qui se révèle à nous dans toute sa complexité. L’appartenance à une classe sociale, l’éducation, l’alcoolisme ou encore la paternité sont autant de sujets traités ainsi de façon personnelle et collective à la fois.
Profondément sincère, bruyamment intime, merveilleusement écrit dans une langue à la fois poétique et crue, Ordesa se lit comme la catharsis d’un deuil impossible, celui de la mort de nos parents et de la fin d’une époque, une expérience pour le moins universelle.
Phénomène de librairie en Espagne, Ordesa a été désigné Meilleur livre de l’année par les grands quotidiens El País et El Mundo, imposant Manuel Vilas comme un écrivain majeur de la littérature espagnole.
« Voici l’album, les archives, la mémoire sans mensonges ni consolation d’une vie, d’une époque, d’une famille, d’une classe sociale condamnée à tant d’efforts pour obtenir si peu. Il faut beaucoup de précision pour dire ces choses, un acide, un couteau aiguisé, une aiguille assez fine pour faire éclater le ballon de la vanité. Ce qui reste à la fin, c’est l’émotion propre de la vérité et la détresse devant tout ce qui a été perdu.’
Antonio Muñoz Molina
« Un livre magnifique, courageux et bouleversant’
Javier Cercas
Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Ordesa
- Si vous voulez vous faire votre propre avis car vous pensez que j’exagère
- Si ce document salué par la critique vous intrigue
- Si vous aimez Jaenada et Angot (promis, je ne vous en voudrai pas)
3 raisons de ne pas lire Ordesa
Ai-je vraiment besoin d’en rajouter ?
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