Le petit-fils de Nickolas Butler

Comment faire pour sauver ceux que l’on aime contre leur gré ? Quelle est la place que peuvent revendiquer les grands-parents quand la vie de leurs petits enfants est mise en danger ? Ces questions sont au coeur de Le petit-fils, le dernier roman d’un auteur éblouissant.

Le petit-fils de Nickolas Butler (éditions Stock)

Le petit-fils de Nickolas Butler (éditions Stock)

Retirés au fin fond du Wisconsin où ils coulent une retraite paisible, Lyle et Peg prennent grand soin de leur petit-fils qui vit avec sa mère sous leur toit. A travers ses rires et ses jeux d’enfant, le petit Isaac fait entrer le bonheur dans cette maison touchée jadis par la tragédie. Lyle a néanmoins conscience que tout peut s’arrêter du jour au lendemain car ses relations avec Shiloh, la mère d’Isaac, se tendent rapidement. Le moindre faux pas, un mot malheureux et Lyle risque de voir son petit-fils s’éloigner de lui à jamais. Alors il fait profil bas, il se montre bienveillant vis-à-vis de sa fille et de ses choix quand bien même ceux-ci la mènent sur les bancs d’une congrégation religieuse fanatisée, dirigée par un prédicateur aussi charismatique qu’inquiétant. Lyle ne veut pas perdre son petit-fils, c’est sa seule motivation, sa raison de vivre désormais et pour cela il fera tout ce qui est en son pouvoir.

– J’aimerais la comprendre, dit-il.
– Ce n’est pas nécessaire, soupira Peg. Contente-toi de l’aimer.
– Je l’aime.
Elle lui tapota l’épaule.
– Alors il ne te reste plus qu’à serrer les dents et à encaisser.
– Encaisser quoi ?
– Des évangélistes à tous crins. Des fanatiques. Des illuminés de l’apocalypse. Va savoir ce qui nous attend.

Inspiré de faits réels survenus en 2008 dans le Wisconsin, Le petit-fils fait écho à bien d’autres histoires de familles versées dans le fanatisme religieux et piégées par les dérives sectaires de leur communauté. Face à la gravité des faits, Nickolas Butler nous livre un récit poignant reposant sur la personnalité d’un grand-père qui se sent impuissant face à l’endoctrinement de sa fille et la mise en danger de son petit-fils. Par quelle magie si ce n’est génie, cet auteur parvient-il à imaginer des personnages aussi puissants, à leur donner consistance et vie de telle sorte que l’on a l’impression de faire partie de leur famille ? J’ai aimé Lyle de tout mon cœur, le temps de quelques pages il a été comme un père pour moi. J’ai appris à le connaître puis à anticiper ses réactions, je l’ai côtoyé et je me suis sentie enrichie de sa présence inquiète et bienveillante. Tout cela m’a semblé si réel, si palpable que c’en était saisissant. Et le laisser partir est un déchirement.

Or c’est précisément parce qu’il parvient à nous offrir des personnages aussi charismatiques et à nous transmettre à travers eux ses valeurs, sa finesse d’esprit et son humour que je tiens aujourd’hui Nickolas Butler pour l’un des plus grands auteurs de notre époque. Je le vois même comme le digne héritier de John Steinbeck et venant de moi, vous ne pourrez pas trouver plus beau compliment.

Je crois que ceux qui ont lu Retour à Little Wing comprendront ce que je veux dire. Ce roman avait été l’un des plus marquants de ma vie et je repense encore régulièrement à cette bande de copains qui s’est invitée chez moi le temps de quelques pages. Désormais, j’aurai aussi une pensée émue pour Lyle ou pour Peg quand je verrai des grands-parents œuvrer pour le bien de leurs petits-enfants. Mais n’est-ce pas au fond à ce genre de chose que l’on reconnait un grand roman quand on en croise un ?


L’ESSENTIEL

Couverture de Le petit-fils de Nickolas Butler

Couverture de Le petit-fils de Nickolas Butler

Le petit-fils
Nickolas BUTLER
Editions Stock
Sorti en GF le 08/01/2020 
342 pages 

Genre : roman contemporain
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤❤ (comment ça y en a 6 ?)
Personnages : Lyle et Peg, leur fille Shiloh et leur petit-fils Isaac, le prédicateur Steven, les amis Hoot et Charlie
Recommandation : non (c’est juste pour vérifiez que vous suivez toujours)
Lectures complémentaires : Retour à Little Wing du même auteur, A l’est d’Eden de John Steinbeck (et tous les autres romans de l’auteur d’ailleurs), Mon désir le plus ardent de Pete Fromm, Nous rêvions juste de liberté de Henri Loevenbruck

 

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Après trente ans à travailler dans un petit commerce, Lyle vit désormais au rythme des saisons avec sa femme Peg, dans leur ferme du Wisconsin. Il passe ses journées au verger où il savoure la beauté de la nature environnante. Leur fille adoptive, Shiloh, et leur petit-fils bien aimé, Isaac, se sont récemment installés chez eux, pour leur plus grande joie.

Une seule ombre au tableau : depuis qu’elle a rejoint les rangs des fidèles de Coulee Lands, Shiloh fait preuve d’une ferveur religieuse inquiétante. Cette église, qui s’apparente à une secte, exige la foi de la maison entière et Lyle, en proie au scepticisme, se refuse à embrasser cette religion. Lorsque le prédicateur de Coulee Lands déclare qu’Isaac a le pouvoir de guérison, menaçant par là-même la vie de l’enfant, Lyle se trouve confronté à un choix qui risque de déchirer sa famille.

Interrogeant les liens filiaux, la foi et la responsabilité, Le Petit-fils dépeint avec justesse, tendresse et amour le combat d’un couple de grands-parents prêts à tout pour leur petit-fils.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Le petit-fils

  1. Parce que vous ne pourrez qu’être touché par cette plume et ces personnages
  2. Parce que c’est un roman qui sonne juste du début à la fin
  3. Parce que le thème donne matière réflexion

3 raisons de ne pas lire Le petit-fils

  1. S’il vous faut des scènes coups de poing pour maintenir votre intérêt
  2. Si vous n’êtes pas sensible à la littérature qui puise sa force dans le Nature Writing
  3. Si une fin un peu ouverte gâche forcément votre plaisir
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