Descartes pour les jours de doute de Marie Robert
A travers 12 situations de la vie quotidienne qui mettent à mal nos certitudes, Marie Robert nous montre comment faire face et reprendre pied grâce à la sagesse de philosophes qui sont parvenus à tirer du pire, le meilleur. Inspirant…
Il y a 15 ans de cela – je me souviens parfaitement du jour en question – alors que je flânais dans une librairie, je suis tombée sur une carte postale ornée simplement d’une citation de Sartre : L’enfer c’est les autres. Ces quelques mots ont eu une résonance particulière en moi, ce fut une véritable révélation. J’ai évidemment acheté la carte et l’ai épinglée au mur de mon bureau. Mes collègues l’ont trouvée d’une violence inouïe. Nous n’avions pas le même vécu et donc pas la même perception.
A l’époque j’étais une jeune fille timide qui travaillait plus de 50 heures par semaine en agence de communication et qui se pliait en quatre pour satisfaire des clients toujours plus exigeants, toujours plus méprisants. Ce travail me bouffait de l’intérieur alors que c’était la voie que je m’étais choisie et que j’aimais. En parallèle, j’entretenais des relations familiales très conflictuelles ou plutôt très courtoises en apparence mais teintées de chantage affectif distillé par petites gouttes d’acide qui vous rongent le cœur. Alors quand j’ai lu la pensée de Sartre, pour la première fois j’ai pris conscience que mon mal-être venait de relations qu’on appellerait aujourd’hui toxiques et que je n’avais peut-être pas à subir cet enfer que d’autres m’imposaient. Au fond, rien ne m’obligeait à les supporter à part moi-même. Evidemment le changement ne s’est pas opéré en un jour, il est toujours en cours bien que presque achevé il me semble. Il y a huit ans j’ai quitté le monde de la prestation de services corvéable à merci pour rejoindre une entreprise qui respecte ses salariés. Je n’emmène jamais de boulot chez moi, je n’ai même pas mes mails pro sur mon téléphone et mon patron considère que les week-ends et les congés sont sacrés. J’ai aussi coupé les ponts avec certains membres de ma famille et quelques soit-disant amis qui me voulaient du bien sous couvert de me faire du mal. Aujourd’hui je suis une femme beaucoup plus affirmée. Je veille – je crois – à respecter les autres mais attend le même respect en retour. Je me bats comme une lionne si je sens qu’on atteint à ma liberté et à mon bien-être par manipulation, appât du gain, jalousie et que sais-je encore. Aujourd’hui je veux de la bienveillance sinon rien et ça, c’est entièrement à Sartre que je le dois.
Ce livre n’a d’autre ambition que d’apporter du confort à l’inconfort, et de construire une passerelle entre ces philosophes renommés et notre intimité. (extrait de l’avant-propos)
Cette longue introduction était nécessaire pour vous expliquer dans quel état d’esprit j’étais quand j’ai reçu le livre de Marie Robert : un recueil de douze situations du quotidien avec leur lot de difficultés et les pistes pour s’en sortir d’après la doctrine de philosophes qui se sont déjà penché sur la question. Si Sartre a pu améliorer ma vie, que vont pouvoir faire pour moi Descartes et ses copains ? Me suis-je dit avec enthousiasme ! Ça fait plus d’un moins que je promène ce petit livre empli de sagesse partout. Il est même parti en vacances avec moi. Non qu’il soit long à lire – la plume de Marie Robert est des plus agréables, douces et bienveillantes – mais pour profiter pleinement de ces enseignements il m’a fallu faire des pauses entre chaque situation pour intégrer pleinement ce que je venais de lire, en discuter avec mes proches et découvrir l’ampleur de leur résonance en moi.
De ce parcours initiatique, je retiens surtout trois pensées qui vont nourrir mon quotidien car elles répondent à des besoins profonds que j’avais déjà identifiés : apprendre à vivre pleinement chaque instant en respectant mon rythme qui n’est pas celui de mon voisin (merci Montaigne) ; continuer à me nourrir de la nature qui me fait tant de bien et dans laquelle je me sens pleinement vivante et présente dans l’instant (merci Camus) et ne pas céder trop facilement au doute qui me paralyse et faire davantage confiance à mon instinct partant du principe que les certitudes que j’attends, personne ne pourra me les donner car sans essayer je ne peux savoir si je réussirai (merci Rousseau). Avec ces trois bonnes résolutions je me sens armée pour affronter les prochaines années.
Et c’est précisément ce qui est formidable dans Descartes pour les jours de doute : il y en a pour tout le monde. Impossible que vous ne trouviez pas dans ces scénettes des situations qui collent parfaitement à vos problématiques du moment (vous pouvez retrouver un sommaire complet de cet ouvrage ci-dessous).
Homme, femme, ado, enfant. Relations amoureuses, familiales, amicales ou professionnelles : rien ni personne n’a été oublié. Et moi je n’oublie pas de remercier très chaleureusement Guillaume Robert d’avoir mis ce livre sur mon chemin et Marie Robert de l’avoir écrit. A force d’en discuter voire d’en débattre à la maison, j’ai réussi à piquer la curiosité de mon mari, à tel point que ce grand lecteur aux goûts très éloignés des miens, m’a demandé de le lui prêter. Une grande première sous notre toit !
Ce livre est pour vous si au moins vous vous êtes déjà posé l’une de ses questions :
- Comment survivre à une journée à Disneyland avec ses enfants ? Ou l’éducation vue par Rousseau
- Comment arrêter de courir tout le temps après le temps ? Ou le sens du tempo vu par Montaigne
- Pourquoi est-ce si stressant de dire oui le jour de son mariage ? Ou le doute vu par Descartes
- Comment oser dire non à son patron ? Ou la liberté vue par Foucault
- Comment surmonter sa honte en présence de ses amies ? Ou notre perception aux yeux des autres par Sartre
- Comment supporter le nouveau mec de sa sœur ? Ou la tolérance expliquée par Voltaire
- Faire appel à la chirurgie esthétique est-ce modifier ce que l’on est ? Ou l’identité définie par Ricoeur
- Comment établir une vraie parité dans son couple ? Ou le féminisme raconté par Simone de Beauvoir
- Comment renouer avec ses besoins profonds ? Ou l’éloge de la nature par Camus
- Comment débrancher son ado des réseaux sociaux ? Ou l’hyper-réalité vue par Baudrillard
- Comment faire face à une mauvaise nouvelle ? Ou le courage vu par Simone Weil
L’ESSENTIEL
Descartes pour les jours de doute (Et autres philosophes inspirants)
Marie ROBERT
Editions Flammarion / Versilio
Sorti en GF le 03/04/2019
203 pages
Genre : essai philosophique
Personnages : Descartes, Rousseau, Voltaire et leurs copains
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Lectures complémentaires : Kant tu ne sais plus quoi faire il reste la philo et Le voyage de Pénélope de la même auteure
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Comment gérer un patron tyrannique ? Peut-on survivre à la honte ? Comment garder son calme face à des enfants surexcités ? Peut-on triompher de sa timidité ? Faut-il ralentir pour vivre à son rythme ? Ce livre a pour ambition d’apporter du confort à l’inconfort, et de construire une passerelle entre des philosophes renommés et notre intimité. Douze situations inspirantes, qui nous plongent au coeur de nos émotions, pour nous aider à affronter nos doutes et nos questionnements. Et apprendre à les surmonter.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Descartes pour les jours de doute
- Si vous voulez être mieux armé pour affronter certaines situations du quotidien
- Si vous éprouvez l’envie ou le besoin de prendre du recul sur votre vie
- Si vous avez envie de découvrir la philosophie sous un angle plus ludique
3 raisons de ne pas lire Descartes pour les jours de doute
- Si vous arrêter de courir pour penser deux minutes ne vous intéresse pas
- Si vous ne voulez plus entendre parler de philo depuis que vous avez eu 2 au bac
- Si votre vie est absolument parfaite telle qu’elle est (petit(e) veinard(e) !)
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !