Cézembre de Malfin

Je ne lis quasiment jamais de BD, tout simplement parce que je n’y pense pas. Aussi, quand on m’a proposé celle-ci, j’ai sauté sur l’occasion : un vent de fraîcheur allait souffler sur ma PAL de novembre. Je savais qu’elle avait tout pour me séduire  puisqu’elle se base sur des faits réels, un pan sombre de l’histoire de Saint-Malo.

Cézembre de Nicolas Malfin (éditions Dupuis)

Cézembre de Nicolas Malfin (éditions Dupuis)

Nous sommes en juin 1940 quand les Allemands débarquent à Cancale. Ewan voit périr son père et son oncle, arrêtés sous ses yeux puis embarqués sur un navire qui fera naufrage non loin de là. Il n’oubliera jamais ces images. Quatre ans plus tard, alors qu’il fête ses 18 ans avec son grand-père, sa seule famille, Ewan n’a plus qu’une idée en tête : rejoindre la résistance avec ses amis. Il sait un peu ce qui se passe à Saint-Malo, il devine que son grand-père participe d’une manière ou d’une autre à tenir tête aux Allemands et il veut en faire autant. Mais il n’aura pas le temps de convaincre son aïeul : les SS, sentant leur déroute proche, décident de faire des Malouines leurs otages. C’est ainsi que tous les hommes de 18 à 60 ans vont être isolés puis transférés au Fort national sur l’île de Cézembre…

Cette BD en deux tomes rend hommage à ceux qui ont donné leur vie pour libérer Saint-Malo de l’occupant. On perçoit au coin de chaque page le danger immense encouru par ces hommes et ces femmes qui n’étaient jamais à l’abris d’une trahison. La tension est palpable et les pertes sont lourdes.

Ce n’est pas un bombardement aérien, on n’entend pas d’avions et il n’y a pas de sirène d’alarme, juste ces sifflements. Ce sont des obus qui tombent sur Cézembre, des obus américains ! Ils sont là tout près, dans les terres.

– Mon dieu ! Cette île était si belle avant cette maudite guerre !

– Maintenant, elle est pleine de « vert-de-gris », de béton et de mitraille américaine.

Planche de Cézembre de Nicolas Maflin

Planche de Cézembre de Nicolas Maflin

Les dessins sont une pure merveille. J’ai adoré le trait de Malfin et j’ai trouvé qu’il rendait là un magnifique hommage à Saint-Malo en parvenant à reproduire toute la beauté de cette ville fortifiée. Sur la couverture, un auto-collant stipule que cette édition a bénéficié de nouvelles couleurs. Je n’ai pas les moyens de comparer avec l’édition précédente mais je dirais qu’ici les couleurs sont très chaudes, intenses et contrastées, pour moi c’est une réussite d’un point de vue esthétique.

Une fois dit tout cela, j’éprouve toutefois une pointe de déception à la lecture des bulles. J’ai ouvert cette BD en espérant en apprendre beaucoup sur la résistance à Saint-Malo et j’en ressors avec l’esprit un peu embrouillé. Certes, j’ai bien compris l’histoire dans les grandes lignes mais ça reste justement trop grossier pour moi. Cette impression est certainement due au fait que je suis une lectrice de romans et que j’aime l’alternance entre les dialogues qui apportent du rythme et de l’humain et les descriptions qui permettent de planter un décor et de comprendre précisément ce qui se trame. Ici, les dialogues m’ont parfois semblé insuffisants, ça manquait un peu de fluidité dans le déroulement de l’histoire.
Planche de Cézembre de Malfin

Planche de Cézembre de Malfin

A plusieurs reprises j’ai dû retourner des pages en arrière pour chercher à comprendre ce qui avait pu m’échapper. Il y a notamment une mention du jeune Corentin qui m’a laissée un bon moment sur le carreau car j’étais embrouillée dans les personnages d’ados et je ne comprenais pas pourquoi, à ce moment-là c’est le nom de ce garçon qu’on mentionnait. J’ai aussi eu la sensation de sauter souvent du coq à l’âne et tout ceci ne m’a pas permis d’éprouver des émotions à la lecture de Cézembre. Il y a bien un dossier historique à la fin, avec des documents d’archive issus de l’exposition consacrée à ce livre en 2013, mais là encore je ne l’ai pas trouvé très pédagogique Cézembre y étant à peine cité par exemple.

Avec un peu de recul, j’ai l’impression que si je m’étais contentée d’admirer les dessins j’aurais été beaucoup plus touchée. Les textes ne m’ont finalement pas vraiment convaincue. Mais une fois encore, je rappelle que je ne suis pas la cible de ce genre de livre et que cet avis est peut-être juste celui de quelqu’un qui découvre un univers dont elle ignore tous les codes. Rien de plus.


L’ESSENTIEL

Couverture de Cézembre de Malfin

Couverture de Cézembre de Malfin

Cézembre, Tome 1
Nicolas MALFIN
Editions Dupuis, collection Aire libre
Sorti le 11/10/2019
82 pages

 

Genre : bande dessinée
Personnages : Ewan et ses amis
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : je ne suis absolument pas calée en BD pour pouvoir vous recommander d’autres titres, si ce n’est Cézembre Tome 2 bien sûr !

 

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

– Il faut descendre dans l’abri, vite !

– On ne risque rien ! … Ce n’est pas un bombardement aérien, on n’entend pas d’avions et il n’y a pas de sirène d’alarme, juste ces sifflements. Ce sont des obus qui tombent sur Cézembre, des obus américains ! Ils sont là tout près, dans les terres.

– Mon dieu ! Cette île était si belle avant cette maudite guerre !

– Maintenant, elle est pleine de « vert-de-gris », de béton et de mitraille américaine.

Saint-Malo, août 1944, la guerre fait rage. Basée sur l’île de Cézembre, l’armée allemande tente de contrer la progression des troupes américaines. Alors que couve le combat pour la libération de leur cité, le jeune Ewan, dix-huit ans, et ses amis Corentin, Marie et Thés cherchent à entrer dans la Résistance. Récit de guerre vu au travers de la destinée de quatre adolescents, épisode intense et décisif de la Libération, Cézembre est également le premier grand coup de mettre d’un auteur complet et talentueux, qui livre ici une belle déclaration d’amour graphique à Saint-Malo.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Cézembre

  1. Pour les dessins fabuleux
  2. Pour l’hommage rendu à Saint-Malo
  3. Pour l’apport historique sous une forme ludique

3 raisons de ne pas lire Cézembre

  1. Parce que son apport historique est malgré tout assez superficiel
  2. Si vous pensiez le faire lire à votre enfant ou pré-ado, oubliez ! Il y a des scènes à réserver aux adultes
  3. Si vous cherchez un trait de crayon moderne : celui-ci me semble plutôt classique (mais je le redis : je ne suis pas du tout une experte en BD !)
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