Victor Kessler n’a pas tout dit de Cathy Bonidan
Victor Kessler a passé 30 ans de sa vie derrière les barreaux pour le meurtre du petit Simon. Victor était l’instituteur de l’enfant, un homme apprécié de ses élèves et respecté des villageois de Saintes-Fosses. Personne n’aurait pu imaginer qu’il puisse être un assassin d’enfant, jusqu’au jour où.
Victor a purgé sa peine, il est aujourd’hui un homme libre mais un homme rongé par le secret et sa rencontre accidentelle avec la jeune Bertille va l’amener à replonger dans ses souvenirs et à affronter une réalité qu’il a longtemps cherché à fuir.
Si Victor Kessler n’a pas tout dit, les habitants de Saintes-Fosses non plus…
Quelle merveilleuse découverte que ce roman noir ! Un vrai petit bijou qui nous plonge dans une époque pas si lointaine et pourtant bien révolue. Nous sommes en 1973 dans les Vosges. Comme dans tous les petits villages de France, il existe à Saintes-Fosses un entre-soi avec des notables au-dessus de tout soupçon affichant une moralité de façade. Mais quand le drame éclate, l’impression de quiétude vole en éclat et toutes les certitudes avec. Il est temps de déterrer les secrets les plus inavouables, ce qui est forcément jouissif pour la curieuse que je suis.
On ne ment pas à neuf ans, on raconte. C’est aux adultes à faire la différence.
Mais au-delà de l’intrigue, ce qui rend ce roman assez unique c’est l’atmosphère qui règne autour de cette histoire de meurtre d’enfant. Le fait de situer le drame dans les Vosges, même si Saintes-Fosses est un village sorti tout droit de l’imagination de l’auteure, renvoie inévitablement à un autre fait divers qui a défrayé la chronique judiciaire : l’affaire du petit Grégory. Cathy Bonidan y fait référence mais rapidement, ne cherchant pas à renforcer cette impression afin d’éviter de tomber dans le voyeurisme et le sordide. Malgré tout les références sont là, bien ancrées pour les personnes de ma génération de telle sorte que le lac de Saintes-Fosses en 1973 a vite fait de prendre des airs de Vologne en 1984.
Le charme d’antan de la vie à la campagne et de ces petits villages où tout le monde se connait et où l’instituteur fait figure d’autorité participe aussi à ancrer ce roman dans un passé que l’on peut encore toucher du doigt. On se surprend à faire appel à sa mémoire et à ses souvenirs d’enfance pour ressentir les sensations d’alors, quand on était élève et que l’instituteur faisait crisser la craie sur le tableau noir. Cathy Bonidan est elle-même institutrice et à la lire, je ne doute pas qu’elle exerce ce fabuleux métier par conviction et avec passion. Je ne pensais pas être gagnée par la nostalgie en la lisant mais elle est arrivée à faire revivre l’école de mon enfance en toile de fond d’une intrigue fine et bien amenée déclenchant par la même occasion un coup de cœur tellement mérité. Je ne peux que vous conseiller d’écouter à votre tour ce que Victor Kessler a à vous dire.
L’ESSENTIEL
Victor Kessler n’a pas tout dit
Cathy BONIDAN
Editions de la Martinière
Sorti le 07/02/2020
400 pages
Genre : roman noir
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Personnages : Victor Kessler, Bertille, Céline et Simon
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Une certaine Annie de P.J Vernon, Les refuges et Le douzième chapitre de Jérôme Loubry, La clé d’Anaïs Maquiné Denecker
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
LA VÉRITÉ N’EST JAMAIS LÀ OÙ ON L’ATTEND.
La brume des Vosges cache bien des secrets. Bertille le sait : elle les a fuis. Retranchée à Paris dans une vie solitaire, la jeune femme a enterré ses souvenirs. Jusqu’au jour où sa vie bascule. Quelques pages trouvées dans le cabas d’un vieil homme la réveillent d’un coup : il s’agit d’une confession, écrite par un certain Victor Kessler. Car le 17 novembre 1973, quarante-cinq ans plus tôt, le corps d’un enfant de dix ans a été repêché dans un lac près de Saintes-Fosses. L’instituteur du village est le coupable idéal : Victor Kessler, lui-même.
Fascinée par l’affaire, poussée par Victor, Bertille part en quête de la vérité. Mais, à la recherche des démons du vieil homme, ne finira-t-elle pas par croiser les siens, enfouis dans les forêts vosgiennes ? Et toujours cette même question : parler ou se taire ?
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Victor Kessler n’a pas tout dit
- Si une plongée dans le monde rural vous attire
- Si vous aimez les affaires classées trop vite
- Si vous appréciez les romans qui dégagent une atmosphère particulière
3 raisons de ne pas lire Victor Kessler n’a pas tout dit
- Si vous êtes hermétique à la littérature noire made in France
- Si vous cherchez un roman bourré d’hémoglobine
- Si vous aimez les histoires qui tournent autour d’une seule question : pourquoi ?
Bonjour Sandra,
Merci pour ce retour de lecture et pour l’accent que vous avez mis sur l’atmosphère du livre. C’est un vrai plaisir d’apprendre que cette ambiance vous a touchée…
Amicalement,
Cathy
Bonjour Cathy,
Merci à vous pour cet excellent roman. J’ai fait une partie de mes études dans les Vosges alors oui, votre livre m’a offert une cure de jouvence et a fait rejaillir bien des émotions.
Au plaisir de vous lire à nouveau prochainement,
Sandra