Antonia : Journal 1965-1966 de Gabriella Zalapi

Antonia m’a surprise. Antonia m’a prise par surprise. Je n’imaginais pas un seul instant que le destin de cette femme au foyer, couché dans un journal intime tenu pendant seulement un an, allait à ce point me toucher.

Antonia, journal 1965-1966 de Gabriella Zalapi (éditions Le livre de poche)

Antonia, journal 1965-1966 de Gabriella Zalapi (éditions Le livre de poche)

Ca n’est pas tant ce qu’elle dit que ce qu’elle tait qui fait le sel de ce livre. L’économie de mots contenus dans ce tout petit roman favorise très étonnamment l’expression des sentiments.

 

Deux phrases suffisent parfois pour décrire par le menu les désillusions d’un mariage d’amour devenu une union de dés-intérêt.

Antonia est une femme enchaînée qui se rêve libre, une femme riche qui se rêve indépendante, une mère médiocre qui se rêve seulement femme. Une femme des années 60 qui n’a pas les moyens de réaliser ses rêves.

 

Lorsque j’ai évoqué mon envie de travailler, Franco a répondu : « Mais que diraient les gens ? Tu as tout ce qu’il te faut. Les femmes de ton rang s’occupent d’organiser des mondanités et tu as beaucoup de progrès à faire dans ce domaine. » Il ne comprend rien, rien, rien. J’ai 29 ans. Mes désirs tombent, s’enfoncent dans l’insonore. Impossible d’envisager une vie de perfect house wife pour le restant de mes jours. J’aimerais abandonner ce corset, cette posture de femme de, de mère de. Je ne veux plus faire semblant.

Antonia a l’ambition d’être heureuse dans la vie alors que sa famille nourrit qu’un seul dessein : qu’elle soit l’épouse modèle qui comblera son mari.

De ses attentes et de ses désillusions, de ses rêves et de ses obligations, le lecteur se fait le témoin invisible, celui auprès de qui elle s’épanche dans le secret de son journal intime.

Est-il vraiment nécessaire d’ajouter que j’ai eu un beau coup de cœur surprise pour ce roman ?

Antonia, journal 1965-1966 fait partie de la sélection de février du Prix des lecteurs 2021.


L’ESSENTIEL

Couverture d'Antonia, journal 1965-1966 de Gabriella Zalapi

Couverture d’Antonia, journal 1965-1966 de Gabriella Zalapi

Antonia, journal 1965-1966
Gabriella ZALAPI
Zoe Editions en GF et Le livre de poche
Sorti en GF le 03/01/2019 et en poche le 26/08/2020
160 pages

 

Genre : roman intime sous forme de journal intime
Personnages : Antonia, Franco son mari, Arturo son fils
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Rien n’est noir de Claire Berest, Juste un peu de temps de Caroline Boudet, Un mariage anglais de Claire Fuller, Fille de Camille Laurens

RESUME DE L’EDITEUR

Palerme, 1965. Antonia est mariée à un notable de la ville.
Soumise et contrainte à l’oisiveté, elle rend compte dans son journal de ses « journées-lignes » et d’un profond malaise. Suite au décès de sa grand-mère, Antonia reçoit quantité de boîtes contenant lettres, carnets et photographies. En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial, cosmopolite et vertigineux. Deux ans durant, elle puise dans cette recherche la force nécessaire pour échapper à sa condition.
Roman d’une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì. Comme chez Sebald, elles amplifient la puissante capacité d’évocation du texte.. tout en brouillant les pistes sur le statut fictif du texte.

Gabriella Zalapì est artiste plasticienne, d’origines anglaise, italienne et suisse. Née à Milan, elle a également vécu à Genève et New York. Aujourd’hui elle habite et travaille à Paris. Antonia
est son premier roman.


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Antonia, journal 1965-1966

  1. Il y a un jeu de dupes fascinant dans ce roman
  2. La plume est divine, à la fois légère et sombre
  3. La forme du journal intime renforce l’empathie ressentie pour l’héroïne

3 raisons de ne pas lire  Antonia, journal 1965-1966

  1. Si vous ne savez pas – ou n’avez pas envie de – lire entre les lignes
  2. Si les très courts romans vous laissent toujours un sentiment d’inachevé
  3. Si vous ne concevez pas qu’un roman puisse revêtir un genre différent
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