Un jour, tu raconteras cette histoire de Joyce Maynard
Ce n’est certainement pas le livre à mettre entre toutes les mains en ce moment tant il est douloureux et pourtant il s’agit là d’une histoire d’amour qui vous remplit de reconnaissance et vous fait tourner la tête vers votre moitié pour lui dire encore et encore à quel point vous l’aimez.
En nous livrant le combat qu’elle a mené aux côtés de son mari, Jim, depuis l’annonce de son cancer du pancréas jusqu’à son dernier souffle, Joyce Maynard nous offre son expérience déchirante en cadeau afin que nous n’ayons pas à notre tour besoin qu’un tel drame s’abatte sur notre tête pour mesurer la chance que l’on a d’aimer et d’être aimé en retour.
Dans ce témoignage d’une honnêteté touchante elle fait revivre l’amour de sa vie, rencontré sur le tard. Elle livre ses regrets de ne pas avoir su assez vite s’ouvrir à lui et lui faire la place qu’il méritait dans sa vie. D’avoir été par moments impatiente ou intransigeante en voulant défendre son indépendance si durement acquise mais si difficilement conciliable avec une vie maritale épanouie. Elle pointe du doigt notre bêtise à tous quand on transforme un petit rien en sujet de dispute terrible alors qu’on a le bonheur à portée de main puisqu’on a l’amour et la santé. Du temps devant soi.
Tout ce que nous avions désiré à différents étapes de nos vies – succès, argent, beauté, passion, aventure, voitures, maisons, guitares – était sans importance. Respirer suffirait. Marcher ensemble et rentrer manger tous les deux, finir la journée enlacés dans le même lit tous les soirs. Que demander de plus ?
En écrivant leur histoire elle refait le chemin, s’interroge sur leurs choix de traitements, sur les erreurs qu’ils ont peut-être commises, sur leur naïveté à certains moments quand ça n’était pas de l’aveuglement salutaire. Mais surtout elle raconte le courage et la volonté sans failles de ces deux êtres bien décidés à grappiller la moindre minute de vie pour la passer dans les bras l’un de l’autre. Ne jamais lâcher, ne jamais baisser les bras, y croire encore et toujours et voir dans les yeux de l’autre un amour absolu, douloureusement magnifié par la maladie, comme s’il fallait vivre cet enfer pour saisir tout le sens de la vie, de l’amour et de l’engagement qu’est le mariage.
Alors forcément j’ai pleuré, j’ai eu la gorge serrée, j’ai maudit la vie qui a séparé ces deux êtres unis sur le tard et qui ne demandaient rien de plus que dix ou quinze ans de bonheur. Ils n’en auront eu que cinq dont les deux dernières années passées à repousser de toutes leurs forces l’inéluctable. Comment dans de telles conditions ne pas avoir envie de hurler sa rage et de voir en chaque couple heureux et en bonne santé une injustice flagrante ?
Je n’ai compris tout le sens du mariage que lorsque le mien était sur le point de s’achever. J’ai découvert ce qu’était l’amour quand le mien quittait le monde.
Tout au long de la lecture de ce livre je me suis demandé comment Joyce Maynard avait trouvé le courage de le publier. De l’écrire, je le sais, elle nous l’explique : c’est Jim qui lui a demandé de raconter leur histoire. Mais de le publier… J’imagine la souffrance qui doit être la sienne lorsqu’elle croise un lecteur en train de lire leur histoire avec leur photo de mariage en couverture ou quand elle tombe sur internet sur une critique qui décortique leur histoire d’amour comme je suis en train de le faire. Ce livre c’est un peu le deuil impossible pour moi et je ne pense pas que j’aurais été en mesure de l’assumer. Je suis plutôt du genre à ranger dans une boîte les souvenirs heureux quand ceux-ci ont été suivis d’un drame, pour ne plus les voir, pour ne plus raviver la blessure, pour tenter d’oublier, pour panser mes plaies. Mais Joyce Maynard a déjà prouvé tout au long de ce livre qu’elle détenait une force incroyable. Grâce à son courage tout autant qu’à son amour, elle parvient à faire revivre Jim le temps de 500 pages en rappelant quel homme extraordinaire il était. Je suis heureuse de faire partie des gens qui savent aujourd’hui à quel point Jim était cet homme-là et à quel point il était aimé de sa femme.
« Je sais combien c’est dur pour toi de ne pas écrire en ce moment. Mais un jour, tu raconteras cette histoire » me dit-il.
L’ESSENTIEL
Un jour, tu raconteras cette histoire
Joyce MAYNARD
Editions Philippe Rey en GF et 10/18 en poche
Sorti le 07/09/2017 en GF et le 20/09/2018 en poche
504 pages
Genre : roman autobiographique
Personnages : Joyce et son époux Jim
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Mon désir le plus ardent de Pete Fromm, De si bons amis de la même auteure (et ses autres titres que je n’ai pas encore eu le plaisir de lire : Long week-end, Les règles d’usage, Et devant moi, le monde, Les filles de l’ouragan…) , Retour à Little Wing et Le petit-fils de Nickolas Butler
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Après un mariage raté, un douloureux divorce et quelques brèves histoires, à cinquante-cinq ans, Joyce Maynard n’attend plus grand-chose des relations sentimentales. Et pourtant. Sa rencontre avec Jim vient tout bouleverser: l’amour comme elle ne l’imagine plus, celui qui va même lui faire accepter de se remarier.
En 2014, après trois ans d’une romance tourbillonnante, on diagnostique chez Jim un cancer du pancréas. Au cours des dix-neuf mois qui suivent, alors qu’ils luttent ensemble contre la maladie, Joyce découvre ce que signifie être un véritable partenaire, en dépit de la souffrance, de l’angoisse, du désespoir qui menace à chaque instant.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Un jour, tu raconteras cette histoire
- Si vous vous interrogez sur ce qu’est un vrai et beau mariage
- Si vous aimez Joyce Maynard et sa plume que je trouve envoûtante
- Si vous cherchez un roman qui va vous faire chavirer
3 raisons de ne pas lire Un jour, tu raconteras cette histoire
- Parce qu’il déchire le coeur et vous le rend en miettes
- Parce qu’il peut être difficile à supporter pour les plus sensibles
- A éviter si vous ou un proche êtes en train de vous battre contre un cander
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